La peur d’être remplacé ou considéré comme inutile dans la société est un sentiment qui gagne de plus en plus de terrain, surtout à l’ère de l’intelligence artificielle (IA). Cette réflexion m’est venue après un événement marquant fin novembre 2024. Ce jour-là, l’Université Euromed de Fès, mon université, célébrait la cérémonie de graduation des diplômés de toutes filières confondues. J’accompagnais avec joie mon ami et frère de cœur, Maako Ravelle WOUROUGOU, ingénieur fraîchement diplômé en intelligence artificielle.
Sur le chemin du retour, tout en planifiant une célébration digne de ce moment, nous nous sommes arrêtés chez un boucher pour acheter de la viande. Là, une rencontre fortuite avec quatre personnes d’un âge avancé, pour la plupart des franco-marocains, a pris une tournure inattendue. Reconnaissant la toge de graduation de mon ami, ils l’ont chaleureusement félicité et ont manifesté un intérêt sincère pour son domaine d’expertise.
Quand il leur a parlé de l’intelligence artificielle, le ton de la conversation a changé. Ces personnes se sont montrées préoccupées par l’impact de cette technologie sur leur vie professionnelle. Certains d’entre eux avaient vu leur utilité au sein de leurs entreprises diminuer au point de devenir obsolètes. L’un d’eux, par exemple, avait même opté pour une retraite anticipée, se sentant dépassé par l’évolution technologique. Leur inquiétude reflétait un sentiment partagé par beaucoup face aux transformations rapides imposées par l’IA.
Une réflexion sur les limites de l’IA
Cette discussion m’a conduit à m’interroger sur les capacités réelles de l’intelligence artificielle et sur la façon de sensibiliser les gens à son rôle. En tant que futur ingénieur dans ce domaine, je suis convaincu que l’IA excelle dans l’automatisation des tâches répétitives. Cependant, ces tâches ne représentent qu’une petite partie de l’ensemble des activités humaines.
Prenons l’exemple historique de la machine à laver. À son apparition, beaucoup craignaient que cela ne signe la fin des pressings. Pourtant, loin de disparaître, les pressings ont su se spécialiser dans des services spécifiques que même une machine à laver domestique ne peut offrir.
Aujourd’hui, un exemple similaire peut être observé dans les métiers de l’édition. Avant l’essor des IA génératives, un correcteur se concentrait sur l’orthographe et la grammaire. Désormais, ces tâches sont largement automatisées. Cependant, le rôle humain a évolué vers la vérification de la méthodologie, de la logique rédactionnelle, ou encore vers des dimensions plus complexes nécessitant une réflexion critique.
S’adapter pour prospérer
Ces exemples montrent que pour rester pertinent dans l’ère de l’IA, il faut évoluer vers des rôles nécessitant la créativité, l’analyse ou la résolution de problèmes complexes. La clé est d’adopter une approche proactive : se spécialiser, développer une expertise pointue, ou se concentrer sur les aspects nécessitant une intervention humaine. Dans ce cas, l’IA devient un atout plutôt qu’un concurrent.
Un appel à l’action
Cependant, cette transition ne doit pas se faire au détriment de ceux qui ont des difficultés à s’adapter rapidement aux nouvelles technologies. J’appelle donc les décideurs à intégrer cette réalité dans leurs projets de transformation numérique. L’inclusion et l’accompagnement des personnes vulnérables doivent être au cœur de ces initiatives pour garantir une transition technologique harmonieuse et équitable.
L’IA n’est pas une menace en soi, mais un outil puissant qui, bien utilisé, peut libérer l’humain de certaines contraintes pour lui permettre d’explorer de nouveaux horizons. L’avenir repose donc sur notre capacité à coexister avec cette technologie en transformant nos craintes en opportunités.
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